lundi 28 mars 2011

Tulipes



Moi, je suis la tulipe, une fleur de Hollande;
Et telle est ma beauté, que l'avare flamand
Paye un de mes oignons plus cher qu'un diamant,
Si mes fonds sont bien purs, si je suis droite et grande.

Mon air est féodal, et comme une Yolande
Dans sa jupe aux longs plis étoffés amplement,
Je porte des blasons peints sur mon vêtement,
Gueules fascé d'argent, or avec pourpre et bande.

Le jardinier divin a filé de ses doigts
Les rayons du soleil et la pourpre des rois
Pour me faire une robe à trame douce et fine.

Nulle fleur du jardin n'égale ma splendeur,
Mais la nature, hélas ! n'a pas versé d'odeur
Dans mon calice fait comme un vase de Chine.

Théophile Gautier (1811 - 1872)

vendredi 25 mars 2011

Retour au nid

Extrait :

Au printemps l'oiseau naît et chante :
N'avez - vous pas ouï sa voix ?...
Elle est pure, simple et touchante,
La voix de l'oiseau dans les bois.

L'été l'oiseau cherche l'oiselle,
Il aime et n'aime qu'une fois !
Qu'il est doux, paisible et fidèle,
Le nid de l'oiseau dans les bois.

Gérard de Nerval (1808 - 1855)

mercredi 16 mars 2011

Des couleurs pleins les yeux





Extrait :

Tandis qu'à leurs oeuvres perverses
Les hommes courent haletants,
Mars qui rit malgré les averses,
Prépare en secret le printemps.

Pour les petites pâquerettes,
Sournoisement, lorsque tout dort,
Il repasse des collerettes
Et cisèle des boutons d'or.

Dans le verger et dans la vigne
Il s'en va, furtif perruquier,
Avec une houppe de cygne,
Poudrer à frimas l'amandier.

La nature au lit se repose;
Lui, descend au jardin désert
Et lace les boutons de rose
Dans leur corset de velours vert.

Puis, lorsque sa besogne est faite
Et que son règne va finir,
Au seuil d'avril tournant la tête
Il dit :"Printemps, tu peux venir!"

Théophile Gautier (1811/1872)

samedi 12 mars 2011

Renouveau

Extrait :

Bientôt viendra le doux printemps
Chasser la neige, les autans,
Les jours moroses ;
Bientôt les feuilles renaîtront,
Et les oiseaux nous reviendront
Avec les roses.

Bientôt, de nos rudes climats,
Disparaîtront les blancs frimas,
Les froids sévères ;
Et nous pourrons, d’un œil charmé
Voir éclore aux rayons de mai
Les primevères.

Sur la route, chaque bosquet,
Dans l’arceau pimpant et coquet
De ses ramures,
Le soir comme au soleil levant,
Rendra sous les baisers du vent
Mille murmures.

Les ruisseaux transparents et frais
Mêleront an bruit des forêts
Leur voix si douce ;
Et sous les branches qui plieront,
Des chants joyeux s’envoleront
Des nids de mousse.

Dans les guérets et sur les eaux,
Sous les sapins, dans les roseaux
Qu’un souffle ploie,
Sur les rochers, dans les buissons,
Tout sera parfums et chansons,
Lumière et joie.

Louis -Honoré Fréchette (1839 -1908)

jeudi 3 mars 2011

Mimosa



Je suis le fou du roi, le fou costumé d'or,
Gentil damoiseau paré de dentelles.
Mon rire est une cascatelle
Où tintent des grelots d'or.
Fleurissez galants, fleurissez vos belles !
Je suis le fou du roi, le fou costumé d'or.

Emile Boissier (1870 - 1905)